Textes et méditations 

Méditation avec Marie


Reçu dans la prière par un ami de la famille


JE VOUS SALUE MARIE

Te voilà, Marie, humble jeune femme attisant le feu ou préparant le repas dans ta petite maison de Nazareth.  Peut-être ai-je  heurté un caillou sur le seuil, où c’est toi qui m’a aperçu par l’entrebâillement de ta porte, toujours ouverte…tu tournes la tête et me regardes avec grande douceur, un sourire subtil illumine ton merveilleux visage, tes mains sont ouvertes pour m’accueillir. Je me prosterne devant toi, sans pouvoir quitter ton regard.


PLEINE DE GRACES

Ce soir Marie, mon cœur est serré comme jamais, j’ai une boule dans le ventre, c’est un nœud d’incompréhension, de révolte, de peur et même de colère peut-être. Mais je vois dans tes yeux de maman que tu as déjà compris tout ce qui m’habite.


De tes mains émanent de discrets rayons de lumière, ce sont les innombrables grâces que nous oublions trop souvent de te demander. Ce soir je choisi et te demander la grâce dont j’ai le plus besoin : la confiance.

Marie pose sa main sur mon cœur, le nœud se défait déjà un peu.


LE SEIGNEUR EST AVEC VOUS

Mais comment donc le Seigneur est-il avec toi Marie ? Dans tes bras, en enfant joyeux ? Ou comme ce vendredi soir, inerte sur tes genoux au pied de la croix ? Humble maman, mais en toutes circonstances c’est toi qui porte le Christ ! Toi aussi tu as perdu ton enfant chéri, un glaive a transpercé ton âme. Tu as connu cette douleur immense, mais pure, car tu ne t’es pas révoltée, car tu es toute confiance et source de toute confiance…Merci de garder ta main encore quelques instants sur mon cœur…viens purifier ma peine.


VOUS ETES BENIE ENTRE TOUTES LES FEMMES

Quand l’ange de l’Annonciation est descendu du ciel, il a vu toutes les femmes d’un regard qui n’en a pourtant embrassé qu’une seule, toi, Marie. Tu es bénie à  la fois par Dieu et par tous les Hommes pour  le « oui », par lequel, déjà, tu portes la rédemption. Toujours la confiance,… ta douce main est toujours sur mon cœur.


ET JESUS, LE FRUIT DE VOS ENTRAILLES EST BENI

Mais pourquoi donc, après « fruit », ce mot rebutant d’ « entrailles » pour toi, Marie qui est toute douceur ? C’est  rude à prononcer,  et pourtant…n’est-ce pas là un mot parfait pour désigner l’immense mystère de l’incarnation ? Par toi Marie, c’est Dieu lui-même qui s’incarne en Jésus-Christ, et ce mot signifie, irrémédiablement, qu’il prend toute notre chair, tout notre sang et toutes nos larmes…Et nous le bénissons, car cette Vie, il nous la donne, entièrement,  et à chacun de nous en particulier,… et cette Vie est éternelle par sa résurrection,  et  nous la contemplerons dans l’adoration cette nuit.


SAINTE MARIE, MERE DE DIEU

Les soldats ont pris le corps de ton Fils pour le mettre au tombeau.  Et la maman de douleur s’est aussitôt redressée.  Sainte Vierge Marie, tu es à présent debout, dans toute ta gloire de Mère de Dieu. Ton visage toujours doux, affiche une résolution nouvelle. Car tu es entrée, la première, dans l’espérance de la résurrection. Tu regardes l’apôtre Jean, hébété et agenouillé devant la croix nue. « Femme, voici ton fils ». Tu poses ta main sur sa tête. Et tu poses ton autre main sur ma tête, et des hauteurs du Golgotha tu regardes la ville de Jérusalem. « Femme, les voilà tous tes fils et tes filles ». Et te voilà, toi Marie, en cet instant précis, devenue toute force d’intercession auprès de Dieu, toute écoute et attention à nos prières.


PRIEZ POUR PIERRE ET CHARLES PAUVRES PECHEURS

Marie, face à la mort, notre plus humble prière est celle du bon larron. Et nous savons que si c’est toi qui demande à Jésus de se souvenir de Pierre et de Charles à l’heure de leur mort, alors sa réponse ne pourra être que : « En vérité, je vous le dis, dès aujourd’hui ils sont avec moi dans le Paradis ».


MAINTENANT ET A L’HEURE DE LEUR MORT

Le temps du Seigneur n’est pas le nôtre, il se confond dans l’infini. Nous te prions aujourd’hui Marie, et dans cette prière, nous comprenons que ce 24 décembre c’est toi qui as accueilli Pierre et Charles. Tu les as accueillis près de la porte grande ouverte de la crèche. Et, dans cette nuit du 24 décembre, avec les bergers de la montagne,  ils ont été les premiers témoins de l’Espérance immense du mystère de Noël.


AMEN


Marie, tu as dit à l’Ange : Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. Je t’en supplie Marie, aide-moi ce soir à dire ce même oui. Tu es la première de cordée de l’humanité : là où tu es passée, je sais que je peux également passer. Donne-moi un peu de ta foi.


La mort prématurée du Juste

Par deux étudiantes de Grenoble


Nous sommes deux étudiantes grenobloises vivant toutes deux au foyer de la communauté du Chemin Neuf de Grenoble. Nous avons été amenées à rencontrer Pierre grâce à la chorale Jubilate et à la messe des jeunes à St Joseph le dimanche soir.

Même si nous ne connaissions pas personnellement Pierre, nous avons été très affectées d'apprendre sa disparition ainsi que celle de son frère et nous aimerions vous partager un témoignage.

Suite à la nouvelle, nous avons ressenti une profonde douleur et une profonde incompréhension, mais aussi l'impression de nous approprier une peine qui n'était pas la nôtre. 

En retraite à l'abbaye d'Hautecombe la semaine dernière, nous avons prié ensemble un soir à l'oratoire, pour confier tout cela au Seigneur... et voici la Parole que nous avons reçue dans la priere, sans la chercher: Elle est extraite du livre de la Sagesse de Salomon - "La mort prématurée du juste". Cette parole nous as comblées de joie et d'apaisement pour Pierre et Charles, et nous as permis de comprendre leur retour à Dieu.



Le juste, même s'il meurt avant l'âge, trouvera le repos.

La vieillesse honorable n'est pas celle que donnent de longs jours,

elle ne se mesure pas au nombre des années ;

c'est cheveux blancs pour les hommes que l'intelligence ,

c'est un âge avancé qu'une vie sans tâche.

Devenu agréable à Dieu, il a été aimé, 

et, comme il vivait parmi des pêcheurs, il a été transféré.

Il a été enlevé, de peur que la malice n'altère son jugement

ou que la fourberie ne séduise son âme ;

car la fascination de ce qui est vil obscurcit le bien

et le tourbillon de la convoitise gâte un esprit sans malice. 

Devenu parfait en peu de temps, il a fourni une longue carrière.

Son âme était agréable au Seigneur,

Aussi est-elle sortie en hâte du milieu de la perversité.


Les foules voient cela sans comprendre,

et il ne leur vient pas à la pensée

que la grâce et la miséricorde sont pour ses élus

et sa visite pour ses saints.



Livre de la Sagesse, 4, 7-15

La même joie !


D'un oncle de Pierre et Charles


Je souhaite aussi partager avec vous une sagesse orientale qui veut que l'on rappelle qu'au moment de la naissance 

tout le monde accueille les nouveaux-nés dans les rires et la joie alors qu'ils arrivent en pleurant. 

Aujourd'hui tout le monde les regarde partir en les pleurant et dans la tristesse. 

Nous croyons qu'ils nous regardent maintenant avec compassion et dans la même joie, à leur tour, qui vous a animée lors de leur arrivée.


Ces mains qui vous ont hissé au sommet

d'un ami de la famille


Dans son infinie pédagogie, le Seigneur nous distille par Son Eglise des clins de Parole réguliers pour rejoindre nos pensées les plus intimes, pour revisiter en permanence les images que notre chagrin pourrait immobiliser dans le ciment de la détresse, en oubliant qu’Il est le Dieu de la Vie. 


Pierre et Charles, 

Dans la poésie de nos frères aînés, les mains étaient le symbole de l’agir et le cœur le lieu de la conscience profonde et de l’intelligence de la vie. 

Ces mains, qui vous ont hissé au sommet, et ce cœur, qui a été le moteur de cette ascension, témoignent avec lumière de votre désir de vous dépasser dans un absolu où le mal n’aurait plus de place, mais sans perdre de vue ni les pentes ni la vallée où demeurent tous les prochains que vous vouliez entraîner dans cette course au bonheur.

Que vos paumes ouvertes restent tendues vers eux et que la pureté de votre cœur les enveloppe du courage de poursuivre la course vers l’Amour, en qui nous nous retrouverons tous pour la louange éternelle.

Et que la bénédiction du Seigneur que vous avez reçue en plénitude rejaillisse sur tous.


Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se [lever] dans [son] lieu saint ?

L’homme aux mains innocentes et au cœur pur […].

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction. 


Psaume 23

Eclaireurs, vous ouvrez des voies nouvelles.


par Cyril, oncle de Pierre et Charles


Unis par la cordée du sang depuis l’origine, 

vous étiez la complicité faite chair.

Habités par l’idéal, vous dessiniez votre histoire dans les territoires purs de la blancheur et de l’azur.

Façonnés par l’esprit de service, vous saviez aussi redescendre au cœur de l’humain, humblement, simplement.

Vous aviez l’avenir au bout des skis : les lendemains avaient le goût de la promesse. D’autres sommets, d’autres défis. D’autres fraternités.

Mais la vie a dévissé trop tôt. 

La noire blancheur vous a pris votre jeunesse.

Les hauteurs vous ont emportés vers le Ciel.

Nous sommes dans les abîmes de la peine,

Vous nous demandez l’impossible.

Mais, premiers de cordée toujours, vous nous hissez vers l’Espérance.

Eclaireurs, vous ouvrez des voies nouvelles.

Vos étoiles luisent dans l’aube et nous guident.


Que leurs cœurs continuent d’aimer ces paysages de liberté

par une mère de scout


La neige tombée en abondance samedi a recouvert toute trace,  là-haut sur les sommets tant appréciés que Charles et Pierre ont foulé pour la dernière fois le jour du réveillon de Noël.

La neige atténue tous les bruits et seul reste aujourd’hui le murmure du vent, 

comme si le paysage avait figé l’instant, où dans un commun élan, tous deux sont partis doucement.

Le froid glacial s’est installé : l’hiver est vraiment arrivé et pas seulement sur les sommets.

Que leurs yeux continuent de briller comme scintillent les flocons de la neige, 

que leurs cœurs continuent d’aimer ces paysages de liberté, 

que leurs âmes toujours demeurent dans la paix puisqu’elles se sont envolées auprès de Dieu pour l’éternité.

Que la fragilité de la vie nous rappelle la valeur que nous devons lui accorder.

Au revoir Charles, au revoir Pierre.


Enfin, le ciel se dévoile dans son immensité.


d'une amie de Pierre de Polytech 



Méditation "l'Atlas" 


Dominant la grisaille de la ville, il est une barre rocheuse dont les cimes écrasent le plafond bleu. Comme un tapis de velours, la neige couvre les sommets et se blottit dans les sillons de ce vieux visage craquelé. Ce vieux visage qui, soudain, se disloque et engloutit ceux qui l’aiment de trop près.

Élancée et trapue, glaciale et torride, forte et fragile. La montagne porte le monde sur ses épaules.

Le soleil miroite sur les cristaux de neige, de glace, de roche. Les pas de l’homme sont lourds, mais vigoureux. Sa force s’exprime dans sa plénitude, calme et endurante. Les rayons du jour effleurent la silhouette du massif, formant un voile doré dans lequel les ombres dansent. L’homme souffle et compte ses pas. Il plante son piolet dans le gel qui s’émiette sous le coup. Le froid referme ses griffes sur l’instrument, l’homme se hisse. Au bout du couloir, la neige sera vierge de tout pas, le monde sera neuf, silencieux. Seuls l’attendent des pics ensoleillés, des plages blanches, des océans de nuages.

Et le ciel, ce ciel profond…

L’homme grimpe doucement, mais sûrement – comme chaque pas qu’il pose dans sa vie – pour s’élever au-dessus des nuages. La lumière sera blanche, orange ou mauve, peut-être même l’ombre l’emportera-t-elle. Il ne suffit pas de le savoir, il faut monter pour s’éblouir de ces merveilles, pour élargir son cœur d’homme à la contemplation de la Création divine.

Le pays des mille sensations imprègne le corps de fatigue, de douleur, de froid agressif…, de paix et de douceur. Chaque pas est une prière, chaque regard s’étonne et se perd dans la beauté parfaite du paysage.

Les nuages s’écartent pour offrir une trouée au soleil. Ils flottent, se referment sur la lumière, dévalent le long des roches…

Enfin, le ciel se dévoile dans son immensité.

Dans les hauteurs, le vent a souligné les reliefs en soufflant sur la neige. Les pointes rocheuses se sont libérées du manteau immaculé, alors que des contreforts blancs se pressent contre leurs racines. Le paysage disparaît sous les pieds de l’homme, les nuages coupent le cordage qui le liait encore au monde. Ils forment un sol nouveau sur lequel il faut s’appuyer pour grimper encore, et admirer de plus haut ces champs cotonneux que seules transpercent quelques cimes enneigées.



Chaque ascension est un exploit physique, une victoire spirituelle. Quand, à l’accomplissement de ce périple, l’alpiniste lève les bras vers le ciel, son sourire triomphant est une louange profonde qui monte vers Dieu.

L’Atlas porte le monde sur ses épaules. Joie et douleur sont immenses, l’homme y songe sans cesse. Il est prudent, mais la nature est une reine imprévisible. Il suffit d’un coup de passion pour que la montagne étouffe son amoureux d’une étreinte mortelle.

Ni les cris ni le silence n’ébranleront ce visage impassible : les pierres qui portent le monde sont mères des émotions. Les sommets, irréductibles, s’élèvent sans changer d’apparence. 

Noce et deuil portent le vêtement blanc.

Dans ce voile pur demeure l’espérance.

La lumière, or, orange ou mauve, se reflète pour réchauffer les cœurs et les mener à Dieu.


Vers les hauteurs !


Suivre leurs pas dans la neige !


Par un Séminariste, 24 12 2018


Ce matin, à la Messe, j’ai entendu un appel. J’avais la carte avec leurs visages dans mon missel. J’ai l’impression qu’ils m’appelaient de là-haut, m’exhortant à la sainteté. A ne pas me tromper d’itinéraire. A suivre leurs pas dans la neige. A gravir le bon sommet.

Je vous partage simplement ces quelques mots, quand je pense à eux :


 Verso L'Alto, 

Ils nous attirent.

Ici-bas, l'incompréhension et le doute, la souffrance.

Là-haut, la Joie parfaite.

Ici-bas, l'obscurité

Là-haut, la Lumière.

Ici-bas, nous.

Là-haut, Dieu.

Ici-bas, notre origine.

Là-haut, notre vocation.

Eux, au milieu.

Je les vois.

Ils poursuivent l'ascension.

Car en chutant, ils nous ont encordés.

En s'abaissant, ils nous ont élevés.

Ils sont déjà deux étoiles scintillantes dans le Ciel.

Mais nous entendons leurs cris de Joie.

Ils nous appellent, de là-haut :

"Levez vos yeux !

Elevez vos âmes !

Choisissez le bon chemin,

Menez le bon combat,

Ouvrez vos yeux à l'unique lumière,

Buvez à l'unique source d'eau vive,

Ressourcez-vous dans l'unique sanctuaire,

Venez-vous reposer auprès de l'unique Paix

Car Voici venir votre Dieu,

A votre rencontre,

Il descend la pente enneigée,

Pour vous conduire au Ciel,

Le sommet est une porte.

Là-haut,

Il vous attend,

Là-haut,

Il espère,

Là-haut,

Il vous aime,

Là-haut,

Il vous attire.

Choisissez la Charité

Choisissez la Vérité

Choisissez la Vie

Choisissez la Voie

La Voie du Ciel.

Venez marcher à la suite du Christ, à nos cotés.

Car sans lui, tout est ténèbres.

Si vous saviez le don de Dieu !"


Méditation d'une jeune sur la Vidéo des dernières photos de Pierre


par Pauline, 16 ans, 24 décembre 2015


Merci pour cette vidéo-témoignage d'une grande beauté qui m'a fait méditer sur le mystère de la création et de la miséricorde du Seigneur. Cette vidéo que j'ai regardée plusieurs fois tant elle est magnifique m'a touchée par la beauté des paysages et par la lumineuse vérité contenue dans les extraits de la Bible, du psaume 27, de l'encyclique Laudato si' et des notes de Pierre et de Charles.

Je vous livre la méditation qu’elle m’a inspirée.


"Confier à Dieu mes courses en montagne, l'emmener avec moi : il fait partie de la cordée, il est le guide !"


Oui mon Dieu, tu es l'essentiel pour moi, tu es le sel de ma vie ! Avant de partir pour une nouvelle journée, je prie, je me confie à toi, car il me faut de la force et de la foi pour aller de l'avant. Au moment de mon départ, je ne dois pas t'oublier, car c'est toi qui sais le mieux ce que je dois faire pour m'écarter des sentiers du mal et me diriger vers le chemin du Bien, de la Vie. Même un roi sur Terre doit s'arrêter pour t'écouter et suivre la Voie que tu lui indiques.


"Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : Ta houlette et ton bâton me rassurent."

Seigneur, je doute; une tristesse et une angoisse infinies m'enveloppent. Mais tu es plus puissant que tout, et tu protèges le faible que je suis. Tu m'accompagnes, et il faut que j'accepte de cheminer toujours avec toi, alors tu m'enverras tout le secours dont j'ai besoin.


"Sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Car la main du Seigneur reposera sur cette montagne."

Nous vivons des temps difficiles et troublés, mon Dieu. Au gré des malheurs et des conflits, nous espérons en toi. Nous savons que lors du Jugement dernier, il n'y aura plus de pleurs, plus de crainte. Car l'ancien monde ne sera plus, et nous serons tous auprès de toi, pour te louer et te chanter avec les anges, avec Pierre et Charles. Tout être vivra les yeux fixés sur toi.


"L'Avent est un temps de conversion pour arriver au sommet de sa foi, le jour de Noël"

Merci, Pierre, de nous le rappeler ! Pendant l'Avent, nous attendons la naissance de Jésus, mais c'est lui qui vient à nous, pour changer nos vies. Il s'agit de prier d'avantage, de mettre le Seigneur au centre de notre vie, de prendre des temps de partage avec les autres, de se mettre à l'écoute de Dieu en lisant la Bible, de n'agir que pour le Bien et donc pour Lui. Plus nous faisons des efforts qui peuvent s'avérer difficiles, plus nous nous fortifions dans la foi et dans l'espérance, et plus nous montons vers Lui ! Et moi, en ce soir de Noël, où en suis-je dans ma progression ?


"Le mystique fait l'expérience de la connexion intime qui existe entre Dieu et tous les êtres"

Pas d'être sans Dieu : il nous a tous crées à son image. Ce que l'on voit autour de nous, c'est l’œuvre de Dieu. Il y a aussi, malheureusement, beaucoup de choses qui sont l’œuvre du mal...


"comment ne peut-on pas croire en Dieu devant la beauté et la puissance de la nature ?!"

Sachons contempler avec émerveillement la nature : elle est l'une des plus belles créations de Dieu, avec l'Homme ! Tant de couleurs, de formes, de senteurs, d’animaux, de plantes, de fleurs, d'eau ! Aucun homme ne peut créer une telle beauté, une telle abondance, une telle richesse. Aucun homme ne peut se créer soi-même, ou en créer d'autres. Aucun homme ne se suffit. Dieu est le Créateur. En admirant la nature, on l'admire Lui.


"Nous sommes appelés à être les instruments de Dieu le Père pour que notre planète soit ce qu'il a rêvé en la créant, et pour qu'elle réponde à son projet de paix, de beauté et de plénitude"

Dieu est le créateur, oui. Mais il nous a donné la vie pour que nous agissions, avec les facultés qu'il a attribuées à chacun, pour préserver notre Terre. Car un seul péché peut l'abîmer, alors le nombre infini de péchés qui sont commis chaque jour...Le Père, en créant la Terre, la voulait harmonieuse et belle. Alors, rattrapons le temps perdu, convertissons-nous ! Soyons des artisans de la paix dans nos foyers, alors nous pourrons faire la paix dans le monde ! Suivons le Bien et le monde rayonnera !


"L'Eucharistie unit le ciel et la terre, elle embrasse et pénètre toute la création"

Quand nous communions, nous recevons Jésus qui se donne à nous. Or, ce Dieu d'Amour est présent continuellement dans le cœur de chaque saint du Ciel, donc dans chaque personne présente au Paradis. J'imagine Pierre et Charles, resplendissants comme jamais, approchant de leur Maître qu'ils ont tant aimé et servi, et ceignant la couronne de sainteté. Quelle louange, quel bonheur sans fin, là haut, au Paradis ! Et dire que ce que nous imaginons de cette terre céleste n'est qu'une idée très imparfaite de ce qui nous attend si nous suivons le Christ !

En communiant donc, nous formons avec les habitants de la Jérusalem céleste, la communion des saints, qui nous apporte un soutien nécessaire pour avancer quotidiennement. Terre et Ciel sont unis, et toute la Création de Dieu en resplendit !


"J'ai maintenant pris un "rythme de croisière" pour cette nouvelle année...Grâce à ce temps d'ensoleillement quotidien qu'est la messe je tiens le coup face aux éventuelles difficultés de ma journée !"

Pas d'Eucharistie sans messe, et pas de messe sans Eucharistie : l'Eucharistie est le centre de la messe, de la journée, de la semaine. Nous pouvons prier seul, mais il faut prier aussi en communauté au moins le dimanche, pour se sentir encore plus soutenus et pour s'émerveiller encore plus devant la Sainte Église qui ne cesse de croître ! C'est donc un temps de joie, d'ensoleillement qu'il faut prendre régulièrement, et si possible aussi en semaine, car les 7 jours peuvent être parfois très pénibles. Alors, un moment pour souffler, demander pardon et rendre grâce, ce n'est pas du temps perdu ! Merci, Charles, de nous le rappeler !


"A Noël, le Christ vient parmi nous, c'est le moment favorable pour une rencontre personnelle avec lui"

Nous avons besoin également d'intériorité. Installons-nous au calme quelque part, et prenons un temps de silence absolu pour écouter le Père nous parler. Si nous ne savons pas l'écouter, nous n'arriverons jamais à écouter pleinement les autres. Essayons aussi de dialoguer avec Lui. Nous ne sommes pas forcément toujours avec Lui, alors écoutons-le, posons-lui des questions, prions : il nous répondra ! Il faut (ré)apprendre à connaître un peu plus Dieu à chacun de ces moments, comme on le fait quand on rencontre quelqu'un.

Noël est un temps d'autant plus essentiel, que Dieu se fait chair par Jésus dans le sein de sa Mère. Alors, il est vraiment proche, le tout petit bébé de la crèche. Profitons-en pleinement : adorons-le, écoutons-le, et agissons par la suite !


"A la fin nous nous trouverons face à face avec la beauté infinie de Dieu et nous pourrons lire, avec une heureuse admiration, le mystère de l'univers qui participera avec nous à la plénitude sans fin."

Toute vie corporelle a une fin, mais la vie spirituelle reste. Si nous méritons le Paradis, alors quand nous en atteindrons le seuil, ne nous lassons pas d'admirer notre Père, plus beau que toutes les merveilles de la Terre réunie. Nous serons, à mon avis, plus que béats devant Lui, car il est impossible à décrire, tant il dépasse toute propriété métaphysique; c'est le plus grand mystère de l'Humanité, et pourtant nous pourrons le contempler, sans fin.


"La vie éternelle sera un émerveillement partagé, où chaque créature, transformée d'une manière lumineuse, occupera sa place et aura quelque chose à apporter aux pauvres définitivement libérés."

Nous connaîtrons tous la même joie, et cependant chaque créature apportera quelque chose de différent (peut-être une qualité, un don...) qui participera à l'harmonie et à la beauté de la cité céleste. Nous serons libérés du péché pour toujours, et nos ténèbres se dissiperont en lumières. Nul besoin de soleil, puisque ce sera tout le peuple des saints du Ciel qui éclairera. Nous ne cesserons jamais de fêter Dieu et de le magnifier.


"Nous Te rendons grâce car Tu nous as choisis pour servir en Ta présence !"

Quel honneur et bonheur de pouvoir servir le Dieu tout puissant ! C'est lui, le Maître, nous n'en avons pas d'autres. Sur cette Terre, nous devons ainsi nous mettre à son service, mais pas comme un esclave considéré comme une chose ni meme comme une simple personne. Non ! Comme un fils, un fille, qui a sa place près d'un Père bon et miséricordieux, et qui a un rôle important à jouer pour soi-même, mais aussi pour les autres : faire connaître son Maître et le suivre partout où il voudra l'emmener.

Pierre et Charles, guidez nous vers votre Montagne Sainte.


par une mère de famille


Je vous salue


Pierre et Charles


remplis de Grace du Seigneur


choisis pour servir en sa présence


Etendez sur tous nos prêtres


sur votre famille chérie


et sur tous leurs amis


votre tendre sollicitude


Intercédez pour chacun d’entre eux dans vos prières


afin de nous faire grandir


dans la Foi, l’Amour et la Charité.


Et Guidez nous vers votre Montagne Sainte


pour la plus Grande Gloire de Dieu


Dans le temps et l’Eternité.


 Amen


Avec Charles et avec Pierre, nous osons encore dire Notre Père


De Philippe D., un ami des parents de Pierre et Charles 


 "Quelques mots" 



  Des cris d' une espérance folle

Des larmes a n'en plus finir

Accompagnent votre danse

Tourbillon qui vous entraîne

Dieu sait où

Tourbillon qui nous entraine

Dieu sait où

La montagne

Haute

Glaciale

Implacable

Fait rêver

Et brise les rêves

Le noël de la naissance

Devient celui de la mort

Et nos mots

Baumes fragiles

Demandent a Dieu

Pourquoi?

Pour quoi

Il accueille si tôt

Il accueille trop tôt

Ces deux enfants

Ses deux enfants

Nos demandes sont des cris

Et des prieres

Et des silences aussi

Elles disent

La peine de l' ami

La douleur des parents

La souffrances des soeurs et des frères

Devant l' indicible 

Elles disent que

Devant la mort

Nous sommes frères 

Car

Avec Charles et avec Pierre

Nous osons encore dire

Notre Père


Par les sommets, vers Toi !


Envoyée par des amis de Pierre, cette prière de Patrick Gabarrou, guide de haute montagne



par les sommets, vers Toi !


Seigneur Jésus,

Toi qui as fait un si long déplacement d’auprès du Père pour venir planter ta tente parmi nous ;

Toi qui es né au hasard d’un voyage, et as couru toutes les routes, 

celle de l’exil, celle des pèlerinages, celle de la prédication :

tire-moi de mon égoïsme et de mon confort, fais de moi un pèlerin.


Seigneur Jésus,

Toi qui as pris si souvent le chemin de la montagne,

pour trouver le silence, retrouver le Père ;

pour enseigner tes apôtres, proclamer les béatitudes ;

pour offrir ton sacrifice, envoyer tes apôtres, et faire retour au Père ;

A l’exemple de saint Bernard, j’ai à écouter ta parole,

j’ai à me laisser ébranler par ton amour.


Sans cesse tenté de vivre tranquille,

Tu me demandes de risquer ma vie,

comme Abraham, dans un acte de foi.

Sans cesse tenté de m’installer,

Tu me demandes de marcher en espérance vers Toi le plus haut sommet dans la gloire du Père.


Créé par amour, pour aimer, fais, Seigneur, que je marche, que je monte, par les sommets vers Toi, 

avec toute ma vie, avec tous mes frères, avec toute la création, dans l’audace et l’adoration.


Amen.






La Cordée Pierre et Charles  en compagnie de Patrick -  la Grande Sassière - Savoie - 2017

Réflexion et souvenirs  de Bertrand,  qui a initié P&C à la haute montagne. 

Foi et sports de montagne, à travers un peu de vécu avec Pierre et Charles - mars 2023


De plus de 30 ans leur aîné, mais partageant la même foi et la passion des sports de plein air en haute-montagne avec Pierre et Charles, je vous livre une petite réflexion sur nos vies spirituelles et sportives.

Après 3 ans à se côtoyer dans le même village , Pierre et Charles, m’ont demandé début 2010, à 17 ans, de les initier à l’alpinisme, été comme hiver. J’avais moi-même été initié par mon père dès l’âge de 6 ans, et c’est viral !

Nous étions scouts tous les 3 et aimions la vie au grand air. De plus, j’avais eu la mission de les préparer au sacrement de leur confirmation. Cette nouvelle mission confiée par leurs parents, proches amis, me semblait accessible et pleine de promesses.


Après avoir dévalisé Au Vieux Campeur et La Haute-Route, Pierre et Charles se sont bardés d’équipements et ont étudié les itinéraires et topos des sommets savoyards environnants (Beaufortain, Vanoise, Lauzière). Déjà éclaireurs dans l’âme, ils avaient surtout besoin d’un senior et … d’une voiture à l’occasion (les sommets ne sont pas tous approchables à mobylette) !

Que cela soit en alpinisme (Mont Pourri, 3780m, etc.), à skis (Crey du Rey, 2630m), ou en escalade (Grand Pic de la Lauzière, 2830m, etc.), ce sont plutôt eux qui m’ont initié à ce qu’on peut appeler la spiritualité des sports montagnards (en environnement glace, neige et roc), ceci en partageant concrètement les valeurs d’effort / persévérance, de vigilance, d’humilité, de prudence et d’amitié, ceci à travers 5 anecdotes vécues ensemble :


Effort / Persévérance -  "dopamine spirituelle et joie rayonnante"


Goût de l’effort et de ses fruits, nous nous réveillions tôt et traversions sous les étoiles les villages endormis, avant de nous engouffrer dans la blanche, dans ce monde de beauté « où les seules armes pour s’y aventurer sont la volonté et l’amour » Gaston Rébuffat, Glace, Neige & Roc. 

Ainsi, à la Toussaint, pour venir à bout de la traversée du Grand Pic de la Lauzière, il a fallu enchaîner dès l’aube marche d’approche en raquettes, ascension de la face sud rocheuse en chaussons, rappel dans la face nord en grosses chaussures, descente en raquettes dans la vallée, remonter à pied sur 5 km sans broncher la route du Col de la Madeleine, sur la trace des champions cyclistes au nom inscrits non pas dans les cieux mais sur le bitume.

A jour de leur entrainement, Pierre et Charles savaient appuyer leur condition physique sur la santé de leur âme et sur l’amour du Seigneur : leur prière fidèle générait et répandait vraiment autour d’eux la dopamine spirituelle et de la joie rayonnante comme au sommet du Grand Pic et Charles ou encore lors du Raid Courrier 2013 dans le désert marocain.

«Je l’ai rencontré pendant une semaine très exactement. J’ai vu sa douceur, sa discrétion mais aussi ses qualités d’endurance, sa disponibilité, son sens de l’équipe. » témoigne un organisateur de la course alors  qu' un de ses coéquipiers se souvient « Quand un coéquipier se cassa l’épaule c’est toi qui as pris le relais malgré les kilomètres accumulés dans la journée que ce soit en course d’orientation, en course-à-pied ou en Run and Bike ».

Comme Saint-Paul dans Philippiens 3, 12-20 : « Oubliant ce qui est en arrière, je suis tendu vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ. Notre cité se trouve dans les cieux. ». Et encore Rébuffat « les montagnes ne vivent que de l'amour des hommes ; pour bien des raisons elles sont belles, mais aussi par la ferveur d'un jeune alpiniste ».


Vigilance - "Pierre et Charles sont des veilleurs" 


Etre en état de veille permanent, rester sur ses gardes (itinéraire, météo, horaires, état de la neige, forme physique), autant d’attitudes indispensables en montagne, comme dans la vie spirituelle, pour ne pas dévisser dans l’abîme de nos fautes. 


Partis un jour escalader la face sud du Grand Pic de la Lauzière l’été d’avant avec Charles seulement (Pierre étant dans la plaine ce jour-là, il nous reprochera de ne pas l’avoir attendu et estimera juste et méritée notre déconvenue), une confiance naïve m’avait fait viser ce qui de loin me semblait le sommet. Arrivés au pied de ce qui nous semblait la face de granit à gravir, la 1ère longueur à froid fut ressentie anormalement dure, de même que la 2ème. Or, Charles veillait au grain avec son topo : nous sommes partis dans la Tour de la Flachère (2780m), à l’écart du Grand Pic. Conseil de guerre : on poursuit tout de même et atteint le sommet en contournant la longueur-clef plus difficile, puis rappels successifs et retour au village, épuisés, penauds, mais conscients d’avoir pris une bonne leçon.

Rien n’est acquis, le sommet peut nous échapper à tout moment. La vie éternelle aussi. Restons sur nos gardes !

« Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas en tentation » (Mt 26,41). 

Pierre et Charles sont des veilleurs nés.

Je note au passage que les deux seules courses, que j’ai réalisées avec à chaque fois un seul des deux frères jumeaux, ont toutes capotées!. Comme quoi leur cordée reste unique, singulière, insécable : un atout sans pareil, que cela soit de leur vivant comme maintenant dans l’ineffable, mystérieusement.



Redoubler de prudence - "Un héritage de leur grand-père ?"



La vertu de prudence est indispensable à posséder ou acquérir, aussi bien dans le sport que dans la vie chrétienne.

Partis gravir ensemble à skis le Crey du Rey en février 2011, audacieux et prudents, Pierre et Charles avaient tout prévu : météo, nourriture, topo, horaires, équipements de sécurité, nuit en cabane d’alpage, etc. y compris l’été dernier une reconnaissance méticuleuse des passages-clés.

A la redescente, la face sud-ouest me séduisait avec sur la gauche de l’arête un beau couloir ombragé et poudreux, penté à 45° (cf. photos ci-après). Pierre me coupa gentiment la parole, soutenu par Charles « On ne l’a pas reconnu l’été dernier ! Une autre fois, après l’avoir reconnu ». Chapeau la prudence ! Mots ajustés, bienveillants, mesurés qui font mouche.

Un héritage de leur grand-père chasseur alpin ?

L’avenir et le destin ont voulu qu’on ne revienne pas sur le Crey. J’ai fini par reconnaître ce couloir, à la montée, en août 2016, avec ma fille et mon neveu-filleul (le 4ème skieur-alpiniste de la cordée de 2011).

Entre temps, Pierre et Charles avaient fait le grand saut dans l’éternité, le saut sans mesure vers le Grand Amour ! 

Demeurer humble- "savoir renoncer"


En haute-montagne Il est incontournable de connaître ses dons, pour les partager, et de connaître ses limites, pour se protéger et protéger les autres, et donc de savoir renoncer, à temps, afin de ne pas prendre de risques inutiles. Comme dans la vie chrétienne, toute progression est risquée, mais l’enjeu est de taille. L’essentiel est de remonter les manches, de vouloir réussir tout en sachant mouiller la chemise. En revanche, on ne se met pas en danger, ni dans son corps, ni dans son âme !


Amateurs de grandes voies d’escalade sauvages en altitude, nous sommes partis le 22 août 2012 gravir la Montagne du Carro, voie du Jardin de Bagatelle, avec cette-fois-ci Pierre seulement, Charles étant dans la plaine.

Rapidement, notre itinéraire a divergé et le temps file dans des longueurs difficiles et soutenues. Les nuages s’accumulent à l’ouest. Nous renonçons à poursuivre vers le sommet et enchainons les rappels. Puis encore deux heures de marche pour rejoindre la voiture aux Arcs, à la fin sous l’orage, moi-même courant en zig-zag entre les éclairs et les impacts de la foudre toute proche, égrainant les Ave Maria à tue-tête en espérant s’en sortir vivant.

Pierre, serein, trottinait derrière, tout aussi trempé et rappelant dès le lendemain : « Ce n’est pas grave de rebrousser chemin, la montagne sera toujours là demain. ». Je repense à ce qu'affirmait Mgr Talbot aux Jeux Olympiques de 1908 « Le plus important aux Jeux n’est pas de gagner mais de participer, car l’important dans la vie n’est point le triomphe mais le combat ; l’essentiel, ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu. »




Rester liés - "Charles me bloque d’un coup sec et Pierre va au soutien"


La fraternité dans l’équipe sportive, comme la communion des saints, se vit dans une relation d’amitié profonde, conjointe, solidaire, concrétisée par la corde qui nous relie. Notre corde est tantôt tendue, tantôt souple, au gré du rythme harmonisé de l’ensemble de la cordée, ainsi que du niveau technique, des progrès et de la forme de chacun.


Après l’ascension du Mont-Tondu à la Toussaint (3200m), c’est la descente en face nord, gelée, soufflée. En bas, la rimaye, crevasse béante, nous jette un large sourire narquois. Je suis devant en reconnaissance. La croûte de glace cède sous mon poids. Je pars en survitesse en glissant droit vers le sourire béant. Aussitôt, Charles me bloque d’un coup sec et Pierre va au soutien. Je ressens encore aujourd’hui dans mes reins la tension du baudrier et de la corde me reliant directement à Charles.

A la montée, « C’est ensemble que l’on s’encorde pour s’élever mutuellement, au rythme de chacun » comme le dira si justement une jeune de la Cordée P&C ...D’ailleurs, c’est chose faite, puisque par prudence nous remontons au sommet et redescendons par un autre itinéraire.


Dès l’été 2012 Pierre et Charles volent  de leurs propres ailes (Triangle du Tacul, Aiguille du Géant, Aiguille de Toule, aretes de Rochefort etc.) . Le lien gémellaire renforce celui de la cordée classique. C’est un véritable « atout pour se dépasser et donner le meilleur d’eux-mêmes dans leur vie mais aussi pour accomplir leur mission dans le monde » (leur mère).

Aussi, pour des raisons pratiques de maniement de cordes, d'efficacité, de sécurité, et aussi de camaraderie, nous avions convenu de nous tutoyer au-delà d'une certaine altitude (2000m l'hiver et 3000m l'été). Ce que Pierre et Charles ont mis un point d'honneur à respecter, malicieux, altimètre en mains" !

Mon épouse me rappelle que "Au paradis, au-delà du ciel et des tranches de 1000m, il n'y aura plus ni tutoiement ni vouvoiement, nous serons tous frères. D’ailleurs, nous le sommes déjà puisque tous fils et filles d’un même Père! ».

Et la corde peut s’allonger à la mesure de l’ascension : celle du Mont-Pourri en Vanoise a été la dernière course accomplie avec Pierre et Charles, le 16 août 2013, s'y joignant également leur jeune frère de 15 ans et mon fils  qui m'accompagnait pour la 1ère fois...début d'une longue série de courses en montagne avec chacun de ces deux derniers:  comme si cette dernière course avait servi de passage de relais avec la jeune génération montante.   

« Toujours donner, et recevoir davantage en donnant plus. »...et la « Cordée Pierre & Charles » de s’étoffer, de porter du fruit, en son sein et autour d’elle.


Pour clore cette réflexion, je dirais que vu la manière dont la montagne a enveloppé Pierre et Charles de son linceul de lumière il y a 8 ans, la 2ème lettre à Thimothée de Saint-Paul résonne d’autant plus dans notre cœur :






« J'ai combattu jusqu'au bout le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi. Et maintenant, voici qu'est préparée pour moi la couronne de justice, qu'en retour le Seigneur me donnera en ce Jour-là, lui, le juste Juge, et non seulement à moi mais à tous ceux qui auront attendu avec amour son Apparition » 

(2 Tim 4,7-8).