Témoignages pour Pierre

C’est surtout lui qui intercède maintenant pour nous

En vivant avec Pierre, nous avons eu la chance de partager sa joie de vivre et tous ont reconnu en lui son sourire communicatif, sa sincérité et sa franchise qui ont permis d’instaurer au sein du foyer une confiance et une joie fraternelle. 


J’ai eu la chance d’être le témoin d’une autre forme de joie chez Pierre, celle qu’il a reçu après sa retraite spirituelle à l’abbaye d’Hautecombe il y a un an exactement. Il a pu expérimenter de Dieu son vrai visage, un amour qui n’attendait rien de lui mais qui voulait s’offrir gratuitement. A sa joie naturelle s’est alors ajoutée cette joie encore plus forte de se savoir aimé de Dieu inconditionnellement. 


Je crois profondément que si nous portons Pierre dans notre prière, c’est surtout lui qui intercède maintenant pour nous. Malgré la douleur et l’incompréhension face à sa soudaine disparition, j’ai l’intime conviction que Dieu va faire de cet évènement un fruit d’amour et de salut pour ses parents, ses frères et sœurs et ses amis.» 


de l'ancien directeur du foyer du Chemin Neuf de Grenoble

Il était toujours disponible pour aider les autres

« Pierre c'était "le parisien", je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse être autant passionné de montagne et surtout être si doué. On a beaucoup partagé, parlé des courses qu'un jour nous pourrions faire ensemble. Pierre c'était un gars sur qui on pouvait toujours compter. Il était timide mais une fois qu'on l'avait découvert on pouvait tout partager avec lui. Venant de Chamonix et d'un lycée montagne nous avions la même passion, nous sommes donc très rapidement devenu proche.

J'ai quelques photos d'une sortie en montagne que je vous joints à mon témoignage; mais les plus belles ce sont Pierre qui les avaient prises avec son appareil photo. Il ne le quittait jamais en sortie; c’était un très bon photographe. Je n'ai par ailleurs pas de photo de Pierre ou nous faisions les "cons" en cours a Polytech car Pierre ne faisait jamais le con en cours, il était sérieux; c'était le sérieux de la bande. Jamais absent, toujours concentré.


Je me souviens d'après midi chez moi sur ma table de cuisine ou nous révisions ensemble avant les partiels. Il était toujours disponible pour aider les autres et pour travailler en groupe. 

J’ai une petite anecdote sur notre année à Polytech qui me fait beaucoup rire encore aujourd’hui. L’année dernière Pierre s’était mis à l’escalade, il y allait tous les midis. A midi pétante je le voyais en partir en courant comme un « fou » chercher son vélo pour partir grimper. A 14h c’était la meme chose dans le sens inverse, on le voyait arriver devant Polytech en pédalant à toute vitesse pour surtout ne pas être en retard en cours. Quand vous saviez ou il était allé vous pouviez comprendre, mais les autres élèves qui ne savait pas qu’il allait grimper ne devait surment pas comprendre pourquoi il partait et revenait à cette vitesse ! »


Un ami de Pierre, Grenoble

Une joie calme et tenace

Pierre n'était pas qu'un ami, il était aussi un repère tranquille et rassurant à l'école. Je me souviens d'un jour où je rentrais à pied de Polytech, plongée dans mes pensées. Pierre m'a doublée en vélo, il m'a saluée et s'est retourné pour me sourire. J'ai eu peur que son vélo quitte la route, mais il voulait que je le reconnaisse!

Je me rappelle aussi le repas simple que nous avons partagé chez lui, alors que je venais voir son coloc. Pierre revenait de l'aumônerie avec sa guitare, heureux d'avoir servi, heureux de rentrer, de retrouver un appartement calme et des amis.

C'était bien Pierre : la simplicité, une joie calme et tenace. Calme parce que profonde, sans doute.

Nous avons réfléchi ensemble sur le texte "Veillez et priez, car vous ne connaissez ni le jour ni l'heure". Tu ne t'attendais sans doute pas à partir si vite, Pierre, mais tu t'y préparais avec une petite crainte... mêlée d'une grande joie !

Aide-nous à te suivre avec la même confiance sur ces pistes d'espérance.


Une amie de Polytech


Pierre avait la volonté d'aller au bout des choses


Cette année, nous avons monté une fraternité à Polytech. Nous étions trois moteurs, dont Pierre, pour méditer chaque semaine l'évangile du dimanche après un repas partagé. Nous nous posions ensemble des questions de foi, de mise en pratique de l'évangile. Pierre avait la volonté d'aller au bout des choses, c'est évident ! C'était bon de trouver ces discussions, cette foi ardente entre deux cours.

Les mystères de Dieu sont insondables, mais je suis convaincue que Pierre a enfin trouvé la Vérité qu'il cherchait avec tant d'ardeur !

Que sa joie, qui est aussi celle du Christ, vienne nous rejoindre dans notre peine.


Une amie de Polytech


Pierre auprès de la Vierge de la Dent du Géant 4013mètres

Son merveilleux sourire.


J'ai été heureuse d'être le professeur de Pierre au lycée militaire de St Cyr. Pierre me laisse un excellent souvenir celui d' un élève travailleur bien sûr mais surtout d'une extrême gentillesse et d'une grande humanité. Pierre restera dans ma mémoire surtout pour cela et son merveilleux sourire.




Une professeur au lycée militaire de St Cyr


 Pierre au lycée militaire de St Cyr -2011

Pierre nous avait dit: "l'avent est un temps de conversion pour arriver au sommet de sa foi le jour de Noël"

En septembre nous avons monté un groupe de méditation autour de l’évangile du dimanche à Polytech, la « frat’ ». Nous nous retrouvions le mardi midi. Là, autour de la bible nous partagions notre Foi, heureux de pouvoir glisser une petite présence chrétienne dans l’école, et surtout heureux de pouvoir nous aider par nos réflexions à grandir dans la foi. 


Deux anecdotes m’ont marquées : la première, un jour où le soleil brillait, à peine rentré dans la salle où nous étions, Pierre se dépêche d’aller ouvrir les volets pour voir la montagne qu’il aimait tellement ! Son sérieux et son sens du don m’ont aussi marqués : un jour il nous a racontés qu’il préparait une randonnée en montagne pour un de ses amis, mais qu’il n’allait sûrement pas pouvoir y aller puisqu’il devait travailler. 

Au cours de ce début d’année les discussions ont souvent tourné autour de comment vivre sa foi à l’école ? Dans sa vie de tous les jours ? Dans telle ou telle circonstance ?. Pierre cherchait vraiment à mettre Jésus à la première place et à vivre en cohérence avec sa foi de catholique. 

Ce qui me donne le plus d’espérance quant à sa place maintenant est la discussion que nous avons eu au cours d’une des dernières « frat’ » avec lui, en début d’Avent. Nous parlions de ce temps de préparation à Noël pour savoir comment le vivre et surtout quel est son sens. Une des réflexions de Pierre me l’a tout simplement fait comprendre : ce temps est un temps de conversion pour arriver au sommet de sa foi le jour de Noël. Pierre vivait cette démarche dans sa vie de tous les jours, et plus particulièrement en ce temps de l’Avent. 

Pierre, tu es parti la veille de Noël, et tu te préparais à accueillir l’Enfant de la crèche dans ton cœur avec une foi renouvelée. C’est Lui qui t’a accueilli, et qui t’a pris dans ces bras, toi qui préparais ton âme avec soin depuis quelques semaines. 

Mardi, première « frat’ » depuis que tu es monté plus haut que les sommets enneigés, nous t’avons confié notre « frat’ ». Tu étais un étudiant comme nous, vivant de ton mieux ta foi au quotidien. Sois pour nous un exemple et aide-nous depuis le Ciel. Aide nous dans nos études, dans nos engagements, dans la vie de tous les jours. 

Merci Pierre pour ton sourire, ta générosité et ton engagement. Merci pour le témoignage vivant que tu as été. 


Guillemette, « respo frat’ » de Polytech 


C’est fou la joie qu’ils sèment encore entre nous !

Pierre avait repris l'animation d'un groupe de 3eme de l'aumônerie de Grenoble… Je sais que Pierre avait vraiment plaisir à préparer ces séances, à partager et faire découvrir aux jeunes toutes ces choses qui lui tenaient vraiment à cœur, la Foi, la Prière, la recherche de Vérité et d'Amour vrai...et il avait bien des projets pour la suite encore dans cette optique-là! 


Lors de nos nombreuses discussions, nous avions une fois parlé du fait que "nous sommes tous appelés à devenir Saint"…Je lui avais demandé ce que cela signifiait pour lui, le sens qu'il mettait derrière! Voici ce qu'il m'avait répondu:

« C’est faire la volonté de Dieu, comprendre que nous sommes fait pour Aimer et donc mener notre vie dans ce sens-là. Concrètement, c’est faire le bien autour de nous, c’est témoigner de la joie, de la joie d’être chrétien !»

Quand je relis cela maintenant, à la vue de ce qu'il vivait, …, des nombreux témoignages à son égard, pas de doute qu'il cheminait sur un beau chemin de sainteté, en toute simplicité, mais vers l'essentiel!

...Il y a encore tellement à partager à propos de Pierre et Charles et de ce qu'ils laissent derrière eux, tellement à construire dessus, construire quelque chose de vraiment Beau!

… (Avec des amis), nous sommes allés à la montagne de Sainte Victoire, c’était un peu comme si Pierre et Charles étaient là également et c’est fou la joie qu’ils sèment encore entre nous !


Une grande amie de Pierre


Scouts nous l’étions…mais pas de la même famille: Pierre ne s’est pas arrêté à cet a priori !


Par un ami de Polytech - extraits.


J’ai rencontré Pierre par l’intermédiaire d’un ami commun qui était tout content de nous présenter comme scouts. Scouts nous l’étions…mais pas de la même famille, lui scout d’Europe, moi scout de France. Pierre ne s’est pas arrêté à cet a priori et trois semaines plus tard, il me débauchait pour une sortie scoute en commun.


J’ai apprécié l’intelligence de Pierre et sa capacité d’organisation dans le travail. Il avait un esprit de coopération. Il nous arrivait d’être ensemble pour réviser, de craquer …et de partir grimper. Je me rappelle qu’on riait bien aussi. Il faisait des imitations. Et entre nous, on utilisait beaucoup l’autodérision.


Une chose qui m’amusait beaucoup était le coté malicieux qu’il mettait en œuvre pour économiser …je crois que tout ce système d’économie était destiné à la montagne, pour lui et pour ceux qu’il accompagnait: s’équiper de plusieurs baudriers, de plusieurs systèmes de balise…


J’étais heureux de venir à Grenoble pour la montagne : Pierre me l’a faite découvrir. Par-dessus tout, il aimait partager ses passions, comme il aimait donner aux autres: Au festival de la montagne quand on se servait de posters, il n’en prenait pas un mais 4 à 8...qu’il distribuait ensuite à tout son foyer !


Une fois dans la nature, le visage de Pierre s’illuminait vraiment. En montagne Pierre était heureux, il riait, il entrainait. Avec lui, on y vivait trois journée en une. Comme au scout. Son énergie débordante était communicative. Il était tellement actif que c’est comme s’il avait eu cinq vies ! Aux premières chutes de neiges de cette année, je repense à la sortie en ski de rando que nous avons organisée entres les cours. On a passé la nuit en refuge alors qu’on était en pleine semaine…Il avait tellement de projets.


Et surtout…


C’était un ami rigoureux, sérieux en montagne, une personne sur laquelle on pouvait compter, en qui on avait pleine confiance. Il était souriant, constant dans son humeur, respectueux de sa ligne de conduite. Il écoutait quand on lui parlait. Il avait cette capacité à ne pas juger et à donner envie de le suivre. Il s’exprimait avec tellement de justesse et de vérité. Avec lui, on pouvait discuter, se confier, partager.


Il n’avait pas besoin d’artifice pour être lui-même. Il avait confiance en lui, il se savait aimé de Dieu. Il avait une vraie vie spirituelle.

Il m’a donné une vraie leçon de vie.


Un modèle d’humilité, de douceur et de joie. 


Lettre d'’une amie de Pierre



Je voudrai par ce petit mot rendre hommage à l’homme que Pierre était et sera toujours dans ma mémoire. 

Pierre était un ami précieux, simple et à l’écoute des autres. Plein de joie et de bonne humeur, il rayonnait de l’amour de Dieu et savait partager cette joie autour de lui. 

Je voulais vous remercier vous, sa famille qui l’aviez entouré d’amour, cet amour qui transparaissait sur son visage et nous illuminait tous. Pierre restera pour moi un modèle d’humilité, de douceur et de joie. Il m’aide a avancer chaque jour pour devenir meilleure et me rapprocher de Dieu. Merci pour votre fils.



L’ami fidèle, « Grain de blé qui tombe en terre »


Lettre d'’une amie de Pierre - extraits


Pierre faisait partie de mes très bons amis. Je l’ai connu à mon arrivée au lycée. Pierre l’ami fidèle avec qui j’ai tant partagé de choses…les cours, le lycée, les soirées, le groupe de prière Totus, les « lundi soir » auprès de l’association Musique & Handicap …. Pierre le montagnard qui m’a fait faire mon premier sommet a ski. 


Pierre c’est aussi lui qui m’a fait découvrir A Bras Ouvert, association dans laquelle je me suis investie l’année dernière, et qui m’a conduit au foyer de personnes handicapées en Inde dans lequel j’ai été 5 mois et demis …


C’était un garçon profond, exigeant, droit, pur, volontaire, humble, généreux, sensible et indépendant. Un garçon qui donne envie de le suivre, en qui l’on a confiance. Un ami qui me tirait vers le haut. 


Je tenais à vous remercier pour Pierre & Charles, ces modèles que vous nous avez offerts. Merci aussi pour cette belle veillée de prière et la magnifique messe d’enterrement, qui m’ont beaucoup apaisée. 


Le chant « Grain de blé qui tombe en terre » était l’un des préférés de Pierre : je suis sûr qu’il aurait aussi choisi ce chant ! 

Pierre et Charles sont aujourd’hui dans la Vie. 


Ils nous attendent et veillent sur nous.


Pierre avec une grande amie d'A Bras Ouvert

Pierre emmenant son équipage scout au service pour  un week-end de fête d' A Bras Ouverts

Prière pour préparer Noël, retrouvée dans la guitare de Pierre après sa mort.


Recopiée lors de l’Avent 2014, pour prier avec les jeunes de l’aumônerie dont il s’occupait.

Prière toute simple et belle, qui lui ressemble bien. 

Nous voyons à quel point il s'était préparé profondément à Noel cette année.


Tu es Celui Seigneur Jésus

qui est venu et qui vient

Tu es Celui qui viendra

Je veux aller à ta rencontre,

je veux t'acceuillir chaque jour

J'essaie d'être ton messager

Afin qu'autour de moi

mes amis te reconnaissent.

Tu est la Lumière de Dieu

venu en notre monde

et c'est chez nous que tu viens

pour apporter le pardon

la paix et l'espérance.

Tu veux attirer à toi

ceux qui ont le coeur bléssé,

ceux qui cherchent à comprendre,

à aimer et à lutter contre le mal

voilà la seule bonne nouvelle

Jésus nous t'en prions

petit à petit que chaque jopur

j'ouvre dans mon coeur une route

pour que Tu puisse encore

venir comme dans la creche

partager notre vie

et faire de nous des frères et soeurs dans la foi.

Pierre, ton pas étais sûr, léger. Ton pas était grâce vers Dieu.


D’une amie montagnarde de Pierre


Merci pour ce que Pierre a été, merci pour celui qu’il est devenu.

Merci pour cette veillée de Prières vendredi.

Merci pour cette Messe Samedi. 

Merci pour cette Espérance, pour cette Foi, pour cette énergie divine, pour la Famille que vous représenté, pour les Valeurs fortes que vous véhiculez. 

Merci d’avoir rendu hommage à leur Passion pour la montagne, étroitement liée avec leur Passion pour le Christ.

Merci d’avoir chanté la beauté de la création qu’ils allaient y chercher. 

Sincèrement merci. Partageant cette passion, j’ai pu retrouver l’élan de retourner en montagne pour continuer à chanter Dieu.


Merci.


Pierre,


Je t’ai rencontré à plusieurs reprises à des soirées du Chemin neuf l’année passée à Grenoble. 

Je me souviendrais toujours de tes propos lors de la première soirée de Prières. 

Tu étais si heureux d’arriver à Grenoble pour te rapprocher des montagnes ! 

Avec Tristan et toi, en quelques minutes nous parlions déjà d’escalade, de couloirs, de pics, d’arrêtes… qu’importait les études que l’on faisait; qu’importait le statut social. Ce qui comptait c’était notre passion d’ascensions, notre passion pour ces grands espaces, ce lieu de liberté, ce chant de Sublime qui nous attirait inlassablement. Pour tout te dire je ne me souviens même plus ce que tu faisais comme étude ! 

Tes yeux pétillaient tellement lorsqu’il s’agissait de Montagnes. C’est ce dont je me souviens surtout ! Je me suis sentie si vite liée.

D’un lien fort et profond: celui de la Foi, de la passion pour la Montagne comme éloge du Beau, de la jeunesse. En montagne, nous vivons des choses tellement fortes, puissantes, que l’on se sent rapidement sur la même longueur d’esprit avec un homologue de passion !


Pierre, les fois où je suis revenue au foyer, nous étions toujours à partager sur nos aventures respectives. 

J’étais si heureuse de rencontrer enfin des jeunes Chrétiens et montagnards. 

La chose peut paraitre absurde, mais mon entourage n’est malheureusement pas ancré dans cette Foi.

Combien de fois au sommet ai-je eu envie de chanter Dieu haut et fort, sans savoir avec qui la partager ? Mais je n’osais pas. Combien de fois ai-je fredonné, dans une belle descente à ski, des hymnes à la Création ? Très nombreuses.


Nous avons pu partager une ascension à l’aiguille du Tour fin aout avec Tristan, Solène et une amie à moi, Juliette. 

J’étais tellement excitée ! Tellement heureuse !! Je savais qu’on allait en montagne pour les mêmes raisons : rendre grâce à Dieu ! 

On s’était retrouvé à 4h du matin au-dessus du refuge Albert 1er. 

Vous vous étiez fait dévorer tous vos vivres par un Renard pendant la nuit. On avait bien rit. C’était une ascension simple, sereine, facile… comme on les aime. 

Tu guidais ta cordée composée de Tristan et Solène.  Tu t’en occupais avec dévouement et attention. Ton pas étais sûr, léger. Ton pas

était grâce vers Dieu. De retour au campement on avait longuement profité au soleil. C’était si bon et si beau ! Je savais qu’avec vous je pouvais enfin donner un nom à cet architecte de tant de beautés : Dieu. 

Mais j’avais la naïveté, l’erreur de croire qu’il ne pouvait rien nous arriver. Nous marchions pour Dieu… que pouvait-il nous arriver ? Nous étions en sécurité…


Pierre. Juliette m’avait proposé juste avant les vacances de Noël de faire la traversée des Dômes de Miages à la même période que vous.

Ca faisait longtemps que je n’avais pas mis les crampons et je ne me sentais pas assez en forme. 

J’ignorais que vous y alliez. La vie ne tient pas à grand-chose. 

Nous aurions pu être à vos côtés. Pierre, je me sens encore plus lié à toi.



Pierre, ma douleur est profonde. J’étais loin d’imaginer que ce serait la dernière ascension à tes cotés. 

Tu comptais beaucoup pour moi et tu le continueras. J’étais captivée par cette Foi profonde qui t’habitais. 

J’aurai tant aimé partagé plus avec toi sur ta conception de la vie, de la Foi. 

Je me souviens qu’en revenant de l’aiguille du Tour, nous avions essayé de négocier une descente en télésiège pour que vous soyez à l’heure à la messe à Grenoble ! 

Cela m’avait fait rire. Je ne vais pas souvent à la messe. Cela m’intriguait. 

J’arrive tellement mieux à Prier, à remercier lorsque je suis en montagne. 

On devait faire des soirées messe-crêpes dans votre super colloc’ le dimanche soir quand je passais par Grenoble. Il n’est plus. J’avais tant à apprendre encore de toi. 

J’aurai tant voulue partager encore avec toi cette Foi en haut des montagnes. Ton regard en disait long. 

Tu savais ce que tu faisais. Ton regard était tourné vers l’avenir. Tu as été coupé dans ton élan. 

Mais un élan, qui nous dépasse t’as emporté. 

Te voilà très loin et très proche. 

Tu fais maintenant partie de toute cette Beauté qui nous entoure.


Pierre, ton passage dans l’au-delà a réactivé ma Foi. 

Eclaire mon cœur, éclaire mon âme. Tous les jours tu es avec moi. 

Pierre, tu peux être sûr que mes ascensions vers les hauteurs seront avec toi.

Pierre donne-moi la force de chanter Dieu en ton nom au sommet. 

Donne-moi la force de Prier haut et fort ! 

Pierre, dans chaque fleurs, flocons, paillettes de neige et de granit, dans chaque magie des levés et couchés de soleil, dans chaque nuit étoilée, dans chaque feuille aux couleurs d’automne, dans chaque élément de cette merveille qu’est le Monde, je sais que tu seras présents.

Pierre, merci pour celui que tu es.


Pierre, Charles, vous avez été emporté par la Beauté de la création, ensevelis par la Force de la Nature. 

Potentiel guide de Haute Montagne, tu es maintenant guide des plus belles et des plus hautes montagnes qui soient, les montagnes de l’esprit et de la Foi. Merci Pierre, pour le guide spirituelle que tu deviens pour moi en passant dans l’au-delà.


Il n’y a pas de raison. Seigneur, entre tes mains je remets mon esprit. 

Seigneur aide-nous à croire que cette épreuve à un sens, aide-nous à accepter de ne pas le connaitre et à nous abandonner totalement dans tes bras. 

Seigneur, nous ne sommes pas responsables de cette épreuve mais de ce que nous en faisons. 

Aide-nous à être plus fort et confiant.


« Tout est grâce » disait la Petite Thérèse. « Il faut prendre tout en gré » répétait Jeanne d’Arc. 

Oui, tous les Saints ont eu l’audace de croire en ce mystère inouï de la Providence que Dieu exerce sur le déroulement de nos vies. 

Cette foi était la source de la sérénité qu’ils conservaient au milieu de leurs épreuves et de leurs combats.


Pierre, en mélangeant les lettres de ton prénom, nous trouvons Prière.

« Attire-moi vers en haut, fais de moi un pèlerin de la montagne. »

Pierre, très ouvert et prévenant, avait su nous interpeller par sa gentillesse et son engagement.


En mémoire de Pierre Douillet


Le 24 décembre 2014, Pierre Douillet et son frère jumeau Charles, âgés de 22 ans, étaient emportés par une avalanche lors d'une course d'alpinisme en Savoie sur le glacier de l'Armancette (ascension du dôme de Miage).

Quel choc pour tous ! Sentiment d'incompréhension devant l'abrégement si brutal de jeunes vies pleines de promesses.

Pierre était élève à Polytech Grenoble et avait résidé au Foyer du Chemin Neuf de Grenoble où il avait rencontré [une de nos amies] Mousquetonne, MDLienne et Cambusarde. 

C'est grâce à elle que nous le rencontrions lors du week-end de repérage en Italie début novembre et découvrions ses talents de guitariste et sa passion pour la montagne. Très ouvert et prévenant, il n'hésita pas à répondre oui quand on lui proposa d'être animateur à la MDL (Maison du Lycéen). C'est ainsi qu'il prit en charge le groupe de 3e avec une autre jeune. Ainsi nous ne connaissions pas Pierre depuis très longtemps à la MDL mais il avait su nous interpeller par sa gentillesse et son engagement. C'est pourquoi cette disparition soudaine nous semble aussi brutale : 

Pierre a fait une brève mais belle et enrichissante apparition dans nos vies.

Le 1er janvier une célébration était organisée à la mémoire des deux frères à la MDL rue Voltaire. Des élèves de 3° qui avaient fortement apprécié l'implication de Pierre dans leur groupe étaient présents ainsi que nombre de personnes qu'il avait pu connaître au Chemin Neuf, à la Pastorale des Jeunes, à la chorale, lors du week-end à Varzo... Enfin, un certain nombre de familles de la MDL vinrent s'unir à la prière. Témoignages et chants se succédèrent avec simplicité et émotions. L'unité était palpable.

Lors de notre excursion à Varzo en Italie nous avions chanté Signore delle Cime, un chant italien qui paraît-il fit partie des traditionnels des camps MDL. Nous avions alors beaucoup apprécié sa mélodie sans réellement nous concentrer sur les paroles. Or il s'avère que celles-ci furent écrites en 1958 par Bepi de Marzi en hommage à un camarade tragiquement disparu en montagne. Ce chant a donc pris une nouvelle importance pour nous quand nous l'avons chanté lors de la célébration en mémoire de Pierre qui l'avait tant apprécié. 

Dieu du ciel, Seigneur des cimes, tu as rappelé un de nos amis.

Mais nous te prions : lä-haut, au paradis, laisse-le cheminer à travers tes montagnes.

Sainte Marie, Dame des neiges, recouvre de ton

manteau moelleux et blanc notre ami, notre frère.

Là-haut, au paradis, laisse-le cheminer à travers tes montagnes.


Le 3 janvier, les obsèques des deux frères étaient célébrées dans la cathédrale Saint-Louis de Versailles comble. Quelques Cambusards purent y assister. Lors de cette messe de plus de deux heures, nous découvrîmes un peu plus Pierre et Charles à travers les hommages rendus par leur famille, leurs aumôniers et leurs amis.

Tous soulignèrent leur dévouement aux autres, leur foi envers Dieu, leur bonté et leur générosité sans égale. À l'issue de la messe, cinquante camarades de promotion de Charles, qui était en troisième année à l'école d'officiers de Salon-de-Provence avec l'ambition de devenir pilote de l'Armée de l'air, leur rendirent un hommage militaire en entonnant le chant de promotion que Charles avait composé. De nombreux scouts étaient également présents et la prière scoute s'éleva sur le parvis. Nos pensées allaient pour la famille des jumeaux (ils avaient cinq frères et sœurs) qui malgré la peine immense débordaient de foi et de confiance dans le Seigneur.

Pierre et Charles ont été inhumés le 5 janvier au cimetière de Naves-Fontaine, à La Léchère, en Savoie.


Article paru dans La Cambuse n42, avril 2015

Bulletin semestriel de l’association des Cambusards - anciens animateurs des camps de l’aumônerie du lycée Champollion de Grenoble.

Pierre, cet ami du ciel qui m'accompagne et me rapproche du Christ.

Par Tristan, ami et colloc. de Pierre à Grenoble, fevrier 2023

A partir de notre rencontre, jeunes étudiants Grenoblois, Pierre et moi avons vite partagé notre amour de la montagne, et donc, de nombreuses courses. Il aimait partir en montagne et expérimenter les deux types de montagne, la moyenne et la haute, deux univers bien différents.

En haute-montagne, les mots d’ordre sont effort, responsabilité, confiance, technique ; dans des conditions parfois difficiles et hostiles. Dans ce lieu magique, à la recherche d’accomplissement et de dépassement de soi, Pierre, il me semble, venait côtoyer un monde quasi-désert, silencieux, et plus proche du ciel. Arrivé au sommet, un réflexe : prier, rendre grâce pour la beauté de la création.

Il avait ce sens de l’effort sain, ne se chargeait pas de matériel superflu, de nourriture excessive… Il partait le sac et le coeur légers.

En moyenne montagne (mais en haute-montagne également), son mot d’ordre était le partage. Il organisait régulièrement des sorties avec et pour ses amis. Il aimait faire découvrir sa montagne à ceux qui n’avaient pas la possibilité d’y aller seuls. C’était aussi l’occasion de moments riches et vrais. En montagne, les discussions profondes viennent, permises par les moments de silence, de réflexion ou de prière lors des temps de marche.

Il voulait donner à ses amis des souvenirs et des paysages. Son plaisir était de nous faire plaisir.

Le week-end se prolongeait ensuite lorsqu’il nous envoyait les mille photos qu’il avait fait.

Pour Pierre, montagne et foi ne faisaient qu’un. La montagne permettait la rencontre avec Dieu. Règle numéro un d’un week-end en montagne : ne jamais être en retard à la messe du dimanche soir. Et en bonus, les laudes au lever du soleil au sommet.

Aujourd’hui, lorsque je sors en montagne, Pierre est avec moi.

Notamment à deux moments : au sommet évidemment, alors que je rencontre cette beauté, je ne peux m’empêcher de penser à lui, au fait qu’il a la chance de pouvoir voir ça tous les jours de là-haut désormais (!!), et à tout ce que nous avons vécu ensemble, tous les sommets que nous avons admirés ensemble. Pierre est également avec moi lorsque je rencontre une difficulté. Très souvent, je me surprends à lui parler, à lui demander son avis, et même, d’avoir l’impression de prendre une décision à deux. Il sera toujours cet ami, cet ami du ciel qui me fait me sentir accompagné. 

Et par là, il me rapproche du Christ.

Le coin montagne de la colloc.