Messe d'A Dieu

3 janvier 2015

Cathédrale St Louis de Versailles

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Le mot d'accueil

par le père Pierre DELORT-LAVAL, Curé de la Cathédrale St Louis


Au milieu des préparatifs de Noël ou le jour même de la fête, en plein milieu de cette fête que nous faisions de notre mieux pour bien vivre, nous avons été appelés pour être prévenus de cet événement si dur : « Pierre et Charles sont morts dans une avalanche ». 

Au seuil de leur vie d’adultes, dans la montagne, dans l’exercice de cette passion qu’ils exerçaient avec la prudence de ceux qui aiment la vie, dans la complicité de frères et de jumeaux, à l’heure des derniers préparatifs de Noël, Pierre et Charles sont morts. C’est une épreuve immense pour leur famille et leurs amis que nous voulons entourer aujourd’hui : pour leurs parents, leurs frère et sœurs, leurs amis, leurs amis scouts, pour leurs chefs scouts, leurs professeurs, leurs instructeurs, leurs aumôniers scouts, leurs aumôniers militaires pour toute la paroisse aussi. Nous sommes comme atteints par un coup reçu sans raison. C’est une épreuve d’autant plus grande que leur vie portait du fruit. Aussi dans cette célébration, nous voulons à la fois exprimer notre peine mais surtout l’action de grâce pour eux, leur dire « merci » comme beaucoup de témoignages l’ont fait hier soir à la veillée. Nous nous souvenons de leur accueil dans l’Eglise ici même pour leur baptême par le Père Grognet qui est ici, le baptême qui avait installé leur vie à proximité de la source de la sainteté. Nous nous souvenons de leur manière d’avoir fait de leur vie une réponse à un appel. Cette épreuve a peut-être aussi réveillé en nous d’autres détresses que nous portons au fond. Nous les confions aussi au mystère de la miséricorde de Dieu que nous venons de chanter. Que cette célébration nous unisse dans l’espérance dont la mort et la Résurrection du Christ sont la source. (...)

« La lumière a brillé dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ». 

Cette phrase au début de l’Evangile selon Saint Jean que l’on entend le jour de Noël dit en fait le mystère de Pâques. 

Elle parle de la Résurrection. La Résurrection est l’événement premier de la foi. 

C’est elle que l’on signifie en allumant le cierge pascal dans la nuit de Pâques et au jour de notre baptême. 

C’est cette lumière qui va entourer maintenant les corps de Pierre et de Charles.


On peut lire aussi les mots du P Delort-Laval à l'occasion de la Toussaint 2015.

Pierre et Charles au jour de leur profession de foi

Un témoignage de la famille

Par les parents de Pierre et Charles

Pierre & Charles,


Dès avant votre naissance en Aout 1992, vous avez été pour nous le signe de la vie donnée en abondance: quelques semaines après avoir annoncé a nos familles l’attente d’un troisième enfant…c’est dans une explosion de joie et d’humour que nous avons dû les rappeler pour rectifier le chiffre a la hausse ! Surabondance de vie donnée gratuitement, sans calcul, sans programme, comme une divine surprise dont nous rions encore aujourd’hui... Et si en un trait nous devions caractériser vos vies au long de ces 22 années, c’est cette surabondance qui nous saute aux yeux : partout où vous passiez, ensembles ou séparément, la vie s’amplifiait et se communiquait par vos sourires, votre grande simplicité et ce désir constant de Servir de toutes les manières possible: service concrets dans la vie familiale, service dans votre travail et le choix du métier, service dans le scoutisme, l’armée, les écoles et les aumôneries, service à travers la musique et le chant pour lesquels vous étiez si doués, service de la nature que vous admiriez tant et avec qui vous faisiez corps – depuis votre naissance jusque dans votre mort dans les cimes enneigées.


Charles, depuis plusieurs années déjà, nous étions impressionnés par ton humilité, ta foi profonde et lumineuse et le don de toi-même - et ces derniers temps, tu avançais à pas de géant: nous courions derrière toi, tu volais carrément - au sens propre comme au sens figuré - comme l’avait fait la petite Thérèse après un fameux Noel. Tu étais si proche d’elle et nourri de son « Histoire d’une âme » dans la quelle tu t’étais plongé. 


Pierre, ton amour de la montagne était extraordinaire. La performance n'était pas la motivation première de tes aventures alpines: c’était d'abord pour toi un hymne à la vie et à la création, et tu cherchais à la partager en toute occasion. D’ailleurs tu étais d’une patience d’ange quand tu la faisais découvrir aux plus jeunes à tes amis, à ta famille – et tu jubilais en nous montrant tes photos. Tu aimais fouler la terre, caresser la roche, contempler les cimes mais c’était toujours pour plus de communion: l’an dernier à l’occasion d’une retraite, tu avais compris que cette quête montagnarde était en fait une immense quête de Dieu. Tu avais choisi Bienheureux Pier Giorgio Frassati, ce montagnard italien mort à 24 ans comme ton meilleur ami au ciel. Dieu sait quelle expédition vous êtes en train de concocter ensemble!


Pour Pierre & Charles, 

Pour la richesse de leurs âme, 

Pour le mystère de leur vie, 

Pour la fécondité de leur différence : Merci Seigneur. 

Ils sont les signes de Ton Amour. 

Qu’en eux soient manifestées les œuvres de Dieu.

(Inspiré de la prière d’A Bras Ouverts)

par Louise, soeur de Pierre et Charles

Pierrot et Charlot,

Vous étiez toujours joyeux et souriants. Merci pour cette joie, pour vos magnifiques sourires, et les nombreux fous-rires en famille.

par Hugues, frère de Pierre et Charles

Pierrot et Charlot,C’est l’amour de Dieu qui vous attirait vers les hauteurs enneigées à travers le dépassement de vous-mêmes et la contemplation de la beauté. 

Merci de nous avoir fait partager cette passion, de nous avoir emmenés et guidés avec tant de patience et de joie du partage.

par Alix, sœur de Pierre et Charles

Pierrot et Charlot,

C’est aussi votre amour pour Dieu qui transparaissait dans votre goût pour la musique, la guitare, la flute, le chant et la danse. 

Merci d’avoir accompagné et embelli nos prières familiales.

par Sibylle, sœur de Pierre et Charles

Pierrot et Charlot,

Merci pour votre grande soif de beau et d’Amour vrai, pour votre soif de grand et d’absolu. 

Nous sommes heureux de vous savoir tous les deux, ensemble, en présence de l’infiniment Beau, l’Infiniment grand, l’infiniment Amour.

par Laure, soeur de Pierre et Charles

Seigneur, nous te bénissons pour nos jumeaux. Nous te bénissons pour nos parents qui nous les ont donnés. 

Nous te les confions tout spécialement.

par Denys, beau-frère de Pierre et Charles

Charles, Nous t’avions choisi, Sibylle et moi, comme parrain de notre petite Anouk baptisée le 9 novembre dernier. 

Ton boulot n’est pas fini, au contraire ! Maintenant que tu es auprès de Dieu, nous te la confions tout spécialement. 

Accompagne la chaque jour pour qu’elle grandisse dans la joie et l’amour de Dieu.

par Pierre-Emmanuel, beau-frère de Pierre et Charles

Pierre, toi qui as accepté d’être le parrain de Myriam en la confiant à Marthe Robin, nous confions à ton intercession Hugues et sa filleule Myriam baptisé il y a 2 jours. 

Qu’ils grandissent en eux le désir de gravir le sommet de la sainteté !

par Laure, sœur aînée de Pierre et Charles


Mes jumeaux chéris,

vous étiez mes petits frères mais aussi presque mes enfants... je crois que c’est grâce à vous, que j’ai appris à être une maman : je vous ai consolé et défendu... Puis je vous ai vu grandir sous mon regard admiratif de grande sœur. Je garde en mémoire vos coups de téléphone respectifs : il y a quelques mois, vous me partagiez tous les deux une étape décisive de votre vie spirituelle où, en l’abbaye d’Hautecombe, vous avez donné votre vie au Christ [prière dans laquelle ils ont redit "oui" à l'Esprit Saint reçu au baptême] …

Dans vos voix, je sentais la joie, une joie profonde, celle que rien, pas même la mort, ne peut vous enlever, et que vous ressentez en abondance aujourd’hui.

Mes chevaliers servants, comme je vous appelais, vous êtes partis, le jour de mon anniversaire et de la naissance du Christ, faire votre dernier sommet et rejoindre Celui que vous cherchiez...

Que ce jour de votre départ marque le début d’une nouvelle ascension vers Dieu pour toute notre famille.

Un témoignage pour Pierre

par le père Pierre-Hervé Grosjean, Curé de la paroisse de Saint-Cyr-l'Ecole


Mon cher Pierre,


Ce matin de Noël, quand j’apprends juste avant de célébrer la messe que Charles et toi êtes morts en montagne, je me suis précipité dans mon appartement au presbytère. 

Là, je me suis arrêté comme hébété, devant ce grand cadre que j’ai depuis quelques années. On y voit Tanguy, un garçon de ton équipage, prononcer sa promesse, sur la place de la Cathédrale. Tu es derrière, posant ta main sur son épaule. Tanguy se savait condamné par la maladie. Tu le savais aussi. Tu as préparé sa promesse, avec François Xavier votre chef de Troupe. J’étais votre aumônier. Quelques mois après, tu visitais Tanguy pour la dernière fois. Avec ton équipage, vous saviez que c’étaient des adieux. Tanguy s’est levé, usant ses dernières forces pour vous saluer un par un. Tu as ce geste beau et simple : tu as décidé de déposer ton staff auprès de lui, comme pour l’accompagner jusqu’au bout. Quelques jours après, c’est toi qui déposais son bâchis sur son cercueil, ici même. Je regarde cette photo, et ne peut m’empêcher de penser que tout cela te préparait. Ce n’est pas anodin, pour un chef de patrouille de 15-16 ans, de vivre ainsi sa charge d’âme, d’accompagner jusqu’à son départ vers le Ciel un de ses scouts. Sans doute as tu alors médité le poids que prenait la devise des scouts « Toujours prêt ». Tanguy, passé devant dans cette course vers le Ciel, a dû être le premier à t’accueillir, fier de présenter au Bon Dieu son Chef d’Equipage qu’il aimait tant !


Quand on est vicaire à la Cathédrale, on voit passer beaucoup de jeunes. Avec Charles, tu es de ceux dont on se souvient longtemps. Je garde le  souvenir de deux cœurs purs, des garçons vrais, au sourire franc. Modestes, moins grande gueule que beaucoup d’autres, d’une belle droiture. Nous prêtres, passons beaucoup de temps à chercher la brebis perdue. Cela ne nous fait pas oublier pour autant celles qui avancent droitement vers les sommets. Tu es de ceux pour lesquels je rendais grâce simplement, en voyant l’œuvre de Dieu se faire, et toi y être disponible, au delà des faiblesses ou des fragilités qu’on a tous.


Hier soir, j’étais heureux d’entendre témoigner tes amis de Grenoble. Je découvrais un peu plus le rayonnement que tu avais auprès d’eux, tes engagements… comme si tout ce que tu avais reçu ici, dans ta famille, dans cette paroisse et dans ta troupe, portait déjà du fruit, s’épanouissait et se diffusait. Tout cela ne s’est pas fait sans combat : tu as eu en particulier à affronter un échec douloureux au concours. Tu as appris à avancer, à choisir pleinement ce qui t’était donné de vivre. Mais tu n’as pas oublié ta promesse de servir : au chemin neuf, à la troupe de Grenoble, à l’aumônerie étudiante, auprès de tes amis, tu as continué à te donner. Avec la même franchise, la même joie, le même enthousiasme, la même clarté. Tous me l’ont dit : « Pierre nous a fait grandir ! ». 

Ton coloc Tristan me disait hier que vous aviez pris l’habitude de prier chaque matin, tous les deux. Chaque matin ! Et que pas une seule course en montagne ne justifiait de manquer la messe du

dimanche soir ! Il ne faut pas aller plus loin pour comprendre la source de ces belles amitiés que tu as vécues, et de ton rayonnement.

Tu avais repris la lecture ces jours ci de la vie de Pier Giorgio Frassati. Ce jeune étudiant italien, béatifié par Jean Paul II, était comme toi un amoureux de la montagne. Tu devais t’en sentir proche. Le Pape l’a donné aux jeunes, aux sportifs et aux montagnards comme exemple et saint patron. Sa devise tenait en deux mots « verso l’alto » : « Vers les hauteurs ».


Pierre et Charles, c’est le dernier service que je vous demande de tout mon cœur de prêtre. En plus de donner beaucoup de courage à votre famille, à votre petit frère qui aimait tant vous suivre, entraînez nous vers les hauteurs. Donnez aux jeunes ce goût des sommets, de la beauté des cimes, de la clarté, dans tous leurs engagements. Quand la route est difficile, quand le poids de nos faiblesses se fait sentir, apprenez nous à regarder le Ciel, pour y trouver la force d’avancer.

Pierre et Charles, restez et demeurez pour nous tous les premiers de cordée que vous avez été pour vos amis. Je vous confie les jeunes de cette assemblée. Que leur vie, sans attendre, soit pleine et donnée. Qu’à votre suite, leurs joies soient vraies. Pierre et Charles, et tous nos grands frères du Ciel que nous a donné cette paroisse… l’abbé Hyvernat, Cyprien, Tanguy, Alban… aider à nous à vivre « verso l’alto » … vers les hauteurs !


On peut lire aussi l'homélie prononcée par le P. Grosjean à l'occasion de la fête de l'Épiphanie 


Coin prière de Pierre

Un témoignage pour Charles

par le général Jean BAJARD, ancien Commissaire des Armées

 

Providentielle, c’est ainsi, Charles, que, revenant sur les circonstances de notre rencontre, vous l’avez qualifiée dans le premier message que vous m’avez envoyé. Je la qualifierais plutôt d’improbable, mais vous viviez sous le regard du Christ et, découvrant lors de cette rencontre notre très grande proximité dans la foi, vous avez pressenti qu’elle n’était pas inopinée, qu’elle avait un sens. Elle répondait à votre souhait d’avoir un contact avec un ancien partageant votre foi. Vous désiriez profondément être officier, avec une pleine conscience de la responsabilité que le commandement comporte pour un chrétien. Essayant de ne pas trop vous décevoir nous avons ainsi été conduits à évoquer des questions telles que, par exemple, les limites de l’obéissance pour un militaire chrétien. L’actualité avec des évènements comme la mort du commandant Hélie Denoix de Saint Marc, nous ouvrait des pistes vers des réponses.

 

Nous avons aussi réfléchi ensemble sur la nécessité de placer dans une perspective historique les évènements auxquels nous sommes confrontés, si nous voulons essayer d’en découvrir le sens. Nous l’avons fait à propos d’évènements simples, comme notre rencontre. Nous l’avons fait aussi pour le sens de l’Histoire que nous savions être non seulement l’histoire des hommes, mais aussi l’histoire du salut de l’homme, alors que tant d’hommes aujourd’hui ont bien d’autres préoccupations. Vous cherchiez, m’avez-vous écrit, à vivre une foi aussi forte que celle d'un catéchumène ou d'un converti ; vous aviez le souci de communiquer cette foi, d’ évangéliser", alors que nous vivons dans une société "engluée dans le matérialisme et l’individualisme". Vous avez souvent relu la vie de Charles de Foucauld, qui fut officier, et notamment "sa merveilleuse conversion". Nous partagions la même inquiétude sur la société actuelle et j’ai découvert dans votre intense désir de communiquer votre foi, un héritier des grands porteurs de la Bonne Nouvelle du Salut. Dans les moments de doute vous étiez un réveilleur d’espoir.

 

Parmi les nombreux sujets qui ont nourri nos échanges, il y eut, très tôt, une question sur la hiérarchie. Cela était né d’une remarque que je vous avais faite à propos de l’importance que j’attachais à la distinction à faire entre l’égalité des hommes, une égalité liée à la fraternité chrétienne, et leur non-similitude, un des fondements de la responsabilité et des devoirs qu’elle comporte. Nous étions là au cœur de vos préoccupations : comment, dans la société d’aujourd’hui, être un officier chrétien ?

 

Cet après-midi, Charles, nous nous posons la question du sens de ce qui s’est passé le 24 décembre. Sous une forme différente, notre dialogue se poursuit, en sachant bien qu’il y a un sens à découvrir. Vous pouvez nous obtenir les lumières dont nous avons besoin pour découvrir ce sens, car le Seigneur vous a appelé à le rejoindre. Nous, nous devons maintenant passer par la souffrance, par la croix de la séparation, pour découvrir le vrai sens de cette séparation. Mais nous savons que, comme avant, vous restez un réveilleur d’espoir.

 

 

Vous avez semé, aidez-nous aussi dans la tâche de faire fructifier ce que vous avez semé. Parce que la prière, comme l’eucharistie, était absolument fondamentale dans votre vie, vous avez créé un groupe de prière pour les jeunes de la paroisse de Salon. Je vous ai alors suggéré de rencontrer Valérie, officier du corps auquel j’appartiens qui a pris une retraite prématurée pour élever ses enfants ; elle anime l’aumônerie du lycée de Salon de Provence. Elle est membre du groupe de prière de la fraternité de Notre-Dame des Ailes que j’anime et dont vous étiez également membre. Elle m’a envoyé Lundi le message suivant : 

 

« J'ai été bouleversée par cette tragique nouvelle. Ce jeune Charles respirait tant la pureté, la foi et son dynamisme inspirait l'admiration. Lorsque j'ai appris son décès, j'étais encore en Pologne où nous avons passé la semaine.J'ai prié Saint Jean-Paul II, qui aimait tant la jeunesse et la montagne, d'accueillir ces deux frères au ciel et il me plaisait de les imaginer l'un et l'autre, blottis entre ses deux bras....

Ma fille, qui fait partie avec enthousiasme du groupe de louange et prière lancé par Charles, m'a dit "il faut continuer !"... il aura indéniablement semé même si son départ est si prématuré...Que le nouveau-né de la crèche apaise nos cœurs meurtris et nous aide à comprendre le sens de toute chose, à les accueillir dans la confiance »


Oui, que Saint Jean-Paul II, dont le nom de baptême était Charles, tende ses deux bras pour vous accueillir, vous et Pierre dont vous étiez si proche !

Coin prière de Charles

Un témoignage des parrains et marraines

Par Béatrice, Christophe, Laurence et Thomas, les parrains et marraines et Pierre et Charles


Pierre, Charles, nos tendres filleuls,


Nous voilà réunis pour cet À-Dieu, et nous voulons vous dire Merci.

Merci d'avoir été de si merveilleux filleuls. Merci pour votre joie, votre sourire, vos yeux lumineux.

Merci pour vos messages toujours affectueux, pour nous avoir portés dans votre prière.

Car oui, depuis tout petit enfant, derrière vos visages et ce sourire dont vous ne vous départissiez jamais, 

nous devinions une vie intérieure fervente. 

Une maturité spirituelle qui nous a souvent fait demander qui étaient les parrains/marraines et qui étaient les filleuls !

Cher Pierre, en écrivant ces mots nous reviennent en mémoire les échanges que nous avons eus alors que, malgré un travail acharné, 

tu n'avais pas obtenu les résultats que tu convoitais. 

Tu as su affronter la difficulté avec détermination et trouver un autre chemin là où beaucoup auraient baissé les bras.

Cher Charles, cela a été une grâce de te voir grandir. 

Grandir dans la foi, grandir dans tes choix, grandir dans le bonheur, toujours tourné vers les autres. 

Tu étais heureux à l’École de l’Air, d’aspirer à voler, de te rapprocher du Ciel. 

Ta confiance dans la vie et le rayonnement de ta joie sont une leçon pour nous.

Chers filleuls, vous aimiez la vie, la montagne était votre passion. 

Vos vies parmi nous ont été courtes, mais si belles et lumineuses, si heureuses, si rayonnantes.

Vous avanciez dans la vie avec audace ! 

Priez pour nous, accompagnez-nous afin que nous ayons nous aussi l'audace de poursuivre notre chemin.

L'homélie

par le Père E. de Kermadec, curé de la paroisse Sainte-Marie-en-Presqu'île (Lyon)

 

Très chère famille de Pierre et de Charles ! 


Nous vous entourons en ce jour avec tout le poids de notre affection. Avec tout le poids aussi de notre prière fervente : pour Pierre et Charles ; pour vous ; pour tous vos proches, pour tous ceux que ce départ affecte et bouleverse. 


Tous ensemble, nous sommes l’Eglise qui prie, qui croit, qui gémit et qui espère. 


Nous sommes l’Eglise du Christ, crucifié sous le regard de Marie, Notre Dame des douleurs. 


Nous sommes l’Eglise du Christ, ressuscité du matin de Pâques, vers lequel courent encore confusément Pierre et Jean, bouleversés par ce que leur a dit Marie Madeleine, et sur le point de devenir croyants : « C‘est alors qu’arriva l’autre disciple… Il vit et il crut ». 


Je sais, chère famille, que vous attendez une parole de foi, qui vienne faire descendre un rayon de lumière – la lumière de la foi – dans cette épreuve qui, avec vous, nous a tous terrassés. Nous pouvons nous confier à Marie, notre Mère bien-aimée, afin qu’elle nous attire dans ses clartés, qu’elle nous inonde de ses douceurs, qu’elle nous aide, tout simplement. 


En cette veille de Noël, mercredi 24 décembre, Pierre et Charles, au terme d’une dernière ascension, d’une dernière course, étaient emportés par cette montagne qu’ils avaient foulée si souvent, et avec quelle passion ! 


Une course et une ascension qui me semblent résumer toute leur vie. 


Une course et une ascension qui étaient comme un appel chez eux : l’appel à découvrir et à louer, derrière cette création si belle, le Créateur lui-même. Créateur de ces cimes si pures, de ces levers et de ces couchers de soleil qui annoncent Jésus, « soleil levant qui vient nous visiter », mais aussi le « jour sans couchant » de la victoire définitive de Dieu. Cette victoire totale, nous la contemplerons un jour, enfin, lorsque la création telle que nous la connaissons s’effacera devant les « cieux nouveaux » et la « terre nouvelle », en qui notre espérance sera comblée. 


Cette course, cette ascension dans la montagne en cachait pourtant une autre : celle de leurs âmes, intérieure et cachée – mais pas si cachée que ça : beaucoup pourraient en témoigner parmi vous, chers frères et sœurs. 

Pierre et Charles mettaient en fait leurs pas dans ceux de Pierre et du disciple bien-aimé, qui, ensemble, au matin de Pâques, couraient vers un tombeau… vide ! d’où jaillirait la première annonce de la Résurrection : le Christ est ressuscité, lui le « premier-né d’entre les morts ». 

Noël, fête de la Nativité du Christ, devenait en quelque sorte leur Nativité, leur dies natalis, c’est-à-dire leur naissance définitive à la vie du Royaume. Nés ensemble à la vie de la terre, ils seraient invités à naître ensemble à la vie du Ciel : quel mystère ! 

Par le baptême, bien sûr – la foi nous le dit –, la mort était déjà en quelque sorte derrière eux. La vie éternelle du Ressuscité les avait déjà investis l’un et l’autre. 

Et quelle beauté dans cette grâce qui avait fait sa place dans leurs cœurs, qui les avait conquis, qui leur faisait témoigner de la joie qu’il y a de vivre et de croire, de servir et d’aimer ! Cette grâce qui achève aujourd’hui de les configurer à notre Maître et Seigneur, lui le Vivant. 

Dans la nuit de Noël, nous avons contemplé le signe donné par l’ange du Seigneur aux bergers de Bethléem : « un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». 

Les Pères de l’Eglise ont fait le lien entre les langes de la mangeoire et les linges funéraires du sépulcre. Ils ont vu, dans le geste de Marie emmaillotant et couchant dans la mangeoire son fils premier-né, l’offrande de celle qui présentait son Fils au Père, et à nous tous ; qui l’offrait au Père, et nous le donnait : lui l’Agneau de Dieu, vulnérable et si puissant ; lui le roi dont l’amour et l’obéissance seraient les seules armes ; lui qui irait jusqu’au bout : descendant dans nos abimes, il en sortirait libre et vainqueur, lui le Vivant. 

Il venait nous donner sa vie, préférant notre vie à la sienne, pour que notre vie devienne à son tour « louange de gloire » : au Père qui nous a créés, au Fils qui nous a sauvés, au Saint-Esprit qui nous a sanctifiés. 

Pour que notre vie devienne « hymne à la charité » : « au soir – de notre vie –, écrivait saint Jean de la Croix, nous serons jugés – examinés – sur l’amour ». Et sur rien d’autre ! La joie de Noël, nous le savions, nous le savons dans notre chair plus que jamais, n’est pas une joie sans combat. Noël n’est pas une sorte de rêve, une illusion éphémère et sans lendemain. L’enfant de la crèche, qui est en même temps le fils de Marie et le Fils unique du Père, nous savons pour quel combat il est venu sur cette terre : il est venu briser les verrous de la mort par sa Mort et sa Résurrection ; il est venu offrir à ses disciples, au soir de Pâques, la paix que chantaient les anges la nuit de Noël : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime » : aux hommes objet de son amour, de sa bénédiction, de son eudokia – sa bonté. Cette paix qui est sécurité, concorde, plénitude : shalom. Cette paix pour laquelle nous sommes faits. 

Et nous avons vu ces deux frères jumeaux, Pierre et Charles, comme les disciples de l’Evangile envoyés « deux par deux », grandir dans la foi, avancer, monter, courir, semer l’amitié autour d’eux. Nous les avons vu donner, sans doute largement à leur insu – c’est le propre des œuvres de Dieu –, le témoignage rayonnant de cette grâce qui, en famille, dans le scoutisme, et dans tous les lieux de leur vie, avait su les captiver pour en faire des jeunes hommes libres et heureux, généreux et paisibles, humbles, attirants et rayonnants. Frères et sœurs, ce qui fait notre assurance, notre consolation dans toutes nos épreuves, dans cette épreuve – qui est en même temps un événement de grâce et, osons le dire, de sainteté –, c’est l’amitié indéfectible de Jésus, qui est toujours avec nous – comme il nous l’a promis –, d’une manière mystérieuse, cachée, mais certaine. 


On peut lire aussi l'homélie prononcée par le P Eric à l'occasion de la translation des corps de Pierre et Charles

Celui qui est toujours avec nous est en même temps celui qui vient, un jour du temps, nous chercher et nous emmener avec lui. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, dont Pierre et Charles étaient familiers, l’avait bien compris quand elle disait à l’une de ses sœurs qui lui parlait un peu lourdement de la mort : « Ce n’est pas la mort qui viendra me chercher, c’est Jésus ! ». 

Alors comment vivre avec Pierre et Charles désormais, dans la communion des saints ? 

Saint Jean, dans sa première Lettre – notre première lecture –, nous a parlé de ce qu’il a entendu, vu, touché de Jésus. Il écrit cette lettre semble-t-il assez longtemps après l’Ascension de Jésus, et pourtant, il semble parler d’une vie qui lui est toute proche, d’une communion qui se vit au présent et qui l’établit dans la joie, une joie contagieuse… 

Il me semble que Pierre et Charles nous donnent rendez-vous, ensemble, spécialement dans l’Eucharistie. 

Là, en communiant, nous recevons sous les voiles du sacrement celui-là même qu’ils voient de leurs yeux émerveillés, définitivement ouverts sur le monde réel de la gloire. 

Là, en communiant, nous faisons corps, nous et eux, avec Celui qui fut et qui est leur vie, leur sainteté, leur bonheur ! 

Là, Eglise du Ciel et de la terre, nous sommes réunis plus que séparés, même si l’expression de cette tendresse passe par un nouveau langage, si dépouillé sensiblement… Mais laissons-leur aussi la surprise de nous manifester, de vous manifester de mille manières, chère famille, leur mystérieuse proximité, leur présence à vos côtés, la délicatesse de leur amour plus vivant que jamais. 

Notre vie d’éternité sera une vie de communauté, et cette communion fraternelle immense, inimaginable, sans ombre, cette communion de personnes tout sauf anonyme – « Jérusalem céleste où tout ensemble ne fait qu’un » –, sera bel et bien une part de notre béatitude ! 

Comme les anges de la nuit de Noël, comme les anges du matin de Pâques, permettons à Pierre et à Charles de nous annoncer, au cœur de l’Eglise, la leur et la nôtre – la même ! –, permettons-leur de nous annoncer, au milieu de toutes nos nuits intérieures, que le Christ est vivant, ressuscité. Et que sa résurrection est à nous, ses amis. Qu’elle est offerte à tous les hommes de bonne volonté, à tous ceux qui, par la porte de leur foi, sauront l’accueillir comme le seul cadeau qui soit à la taille de leur cœur et de leur soif de bonheur. 

Oui, Pierre et Charles, comme les disciples du matin de Pâques, saint Pierre et saint Jean, témoins du Ressuscité, évangélisez-nous ! 

Dites-nous, faites-nous entrevoir, dans la prière, comme est bon le Seigneur. Dites-nous comme est grand son amour. Dites-nous comme la vie sur la terre est une école de vie, de vie éternelle. Dites-nous comme on a raison de croire. Redites-nous, selon l’expression si simple et si percutante de la vénérable Marthe Robin, que la sainteté, c’est « aimer, aimer, aimer »… 

Priez pour nous, chers frères, comme nous prions pour vous. 

Amen.

Les honneurs militaires



Chant de la promotion Ecole de l'Air 2012 « Colonel de la Poype », 

composé par Charles Douillet

=> Ecouter le chant, conduit par Charles.




Que résonne l’hymne à notre parrain.

Sous votre égide nous ne craignons rien

Lorsque vous entendez l’appel de la France

Vous répondez présent pour laver l’offense


R : Soyez notre exemple

Animés des mêmes valeurs

Nous saurons faire face avec honneur

De la Poype votre idéal demeure


Afin que votre nation ne flanche

Vous vous battez depuis l’Outre manche

L’Afrique sera pour vous le baptême du feu

Vous y éprouverez la passion des cieux


Sur le front russe le destin vous mène

Au sein du grand Normandie-Niemen

L’épopée des combats fait votre fierté

Dans les steppes glacées vous vous révélez


Votre escadron mérite sa gloire

Se sacrifiant jusqu’à la Victoire

Toutes vos récompenses vous placent au plus haut

Mais vous êtes surtout notre humble héros


L’envolée de notre cher parrain

Nous laissant un souvenir d’airain

Sera l’image de notre promotion

A qui nous devons respect tradition


Laissant en magnifique héritage

Vos exploits à toute une promotion

Retourné au ciel quand nous nous engagions

Les aspirants vous rendent un profond hommage


Chorale de l'école de l'Air

Pour les honneurs militaires on pourra parcourir aussi le résumé de la journée du 1 er Juillet 2022 à l'Ecole de l'Air.